Le soleil sans se brûler

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Il s’agit du 5ème roman publié de l’écrivain Théo Ananissoh. Il y a d’abord eu Lisahohé (2005), Un reptile par habitant (2007), Ténèbres à midi (2010) et L’invitation (2013).

Je découvre donc cet auteur par sa dernière publication. De manière générale cela ne pose pas de problème. Mais ici, nous avons affaire à un texte d’une richesse inouïe, mais qui suppose quelques prérequis. Un peu comme lorsque vous empruntez de l’argent à votre banquier pour acheter une maison, il vous faut au préalable des fonds propres. Difficile donc de saisir la quintessence de ce roman si on ne connaît pas au minimum l’œuvre de l’écrivain Sony Labou Tansi. Oui, c’est le sujet. Enfin, c’est ce que je me dis après être tombée sur cette tirade dès la 21ème page du roman:

«  … j’ai compris que tout ce que j’avais écrit à son sujet et pour lequel on m’avait délivré le Grand Diplôme était ridicule ! J’avais accordé foi à des écrits bâclés, livrés avec hâte et sans réflexion véritable. Ces romans de la fin, sans queue ni tête, ces pièces de théâtre annuelles qu’avait financé quatre, cinq ans de suite un festival à Limoges, en France… Facilité, politique, manipulation… C’est à ça – m’y entrainer – qu’il a servi Sony. Sans s’en rendre compte ? ».

C’est Théo (Théo qui ?), l’un des personnages qui parle ainsi du sémillant romancier-poète-dramaturge congolais. La messe est donc dite, il s’agit d’un écrit à charge contre Labou Tansi. Il faut oser.

Seulement, quelques lignes plus tard, au détour d’une conversation entre le même Théo et Charles Koffi Amela (l’autre personnage principal), je découvre qu’il faut aussi avoir lu Kourouma :

« Comment a-t-il fait Kourouma pour échapper aux pièges ? »

« Y a-t-il échappé ? ».

Mais de quels pièges parle-t-on ? Je suis perdue.

Mon esprit sombre encore plus lorsqu’il sera question quelques lignes plus loin de l’écrivain sénégalais Cheikh Amidou Kane et de l’auteur camerounais Mongo Beti.

Je m’arrête net. A quoi bon continuer la lecture de ce roman si je sais si peu sur les écrivains dont il parle. Il faut les lire et revenir.

Mais le livre me taraude l’esprit, jusqu’à ce que je comprenne que… j’ai été menée en bateau par l’auteur.

Le véritable sujet du roman n’est pas Labou Tansi (entre autres), même si sa photographie se trouve en page de couverture et que son nom est cité sans cesse.

En réalité Théo Ananissoh fait un état des lieux de la littérature africaine d’expression française de ces dernières décennies.

Alors je réalise que c’est le livre qu’il faut lire si on n’est pas encore un familier des Kourouma, Tansi, Béti et autre Amidou Kane. Bref celui par lequel il faut commencer, si on ne veut pas avoir l’air bête en s’extasiant sur tel ou tel génie.

Salvateur !

Soit dit en passant, le roman est écrit dans un style agréable et simple. C’est normal, la difficulté étant ailleurs.

Flore Agnès NDA ZOA